Le feu – El fuego

I am a man / Memphis 1968 - 'I am a man' / Memphis / 1968 -« Je vous demande maintenant de dire ensemble, de lever le poing ensemble : ‘’Je suis quelqu’un !’’, j’ai beau être pauvre, je suis quelqu’un, j’ai beau toucher des aides, je suis quelqu’un quand même. Je suis noir, beau, fier, on me doit du respect ». Jesse Jackson, Festival Wattstax, 1973.

Maints livres et auteurs peuvent nous éclairer sur le drame racial qui embrase actuellement les États-Unis. Des écrivains de la Harlem Renaissance à la prix Nobel Toni Morrison, sans oublier les plus actuels Ta-Nehisi Coates et Colson Whitehead.
Or, je considère que deux essais de James Baldwin, La prochaine fois, le feu et Meurtres à Atlanta, sont incontournables pour cerner ce sujet.

La prochaine fois, le feu (The fire next time), publié en 1962, est composé de deux lettres. La première s’adresse au neveu de l’auteur, James.

« Tu es né là où tu es né et as été confronté avec l’ennemi avec lequel tu as été confronté parce que tu étais noir et pour cette seule raison. Ainsi avait-on fixé, et à jamais  pensait-on,  des bornes  à  ton  ambition.  Tu étais né dans une société qui affirmait avec une précision brutale et de toutes les façons possibles que tu étais une quantité  humaine absolument négligeable. On n’attendait pas de toi que tu aspires à l’excellence. On attendait de toi que tu pactises avec la médiocrité. »

Certains paragraphes de cette lettre, aussi actuels qu’il y a 58 ans, semblent avoir pour destinataires tous les laissés pour compte de la terre, et pas seulement les Afro Américains.

« Dans le cas particulier, le risque, aux yeux de la plupart des Américains blancs, c’est la perte de leur identité.
Essaie  d’imaginer tes réactions si tu t’éveillais un matin pour trouver le soleil brillant de tout son éclat au milieu d’un scintillement d’étoiles. Tu aurais peur parce que ceci serait contraire à l’ordre de la Nature. Tout bouleversement dans l’univers nous effraye parce qu’il attaque si profondément notre sens de notre réalité propre. Eh bien, dans le monde des Blancs, le Noir a rempli la fonction d’une étoile fixe, d’un pilier immobile. Il abandonne sa place et le ciel et la terre en tremblent jusque dans leurs fondations. Toi, n’aie pas peur. J’ai dit qu’on voulait te laisser périr dans ton ghetto, périr de ne jamais avoir la possibilité de percer à jour les classifications des Blancs, de ne jamais avoir l’occasion de montrer qui tu étais vraiment. »

La deuxième lettre, « Au pied de la Croix » n’est pas une lettre « à », mais une lettre « de », une « lettre d’une région de mon esprit ». C’est précisément du spirituel dont il nous parle, aussi bien chrétien que musulman. Il est éloigné de l’église où il a même prêché très jeune et les Black Muslims d’Elijah Muhammad n’arrivent point à le convaincre.
Il croit, cependant, que les liens que tisse l’amour peuvent apporter une solution à la guerre raciale et à la haine.
Le regard de Baldwin est toutefois lucide.

« La façon dont furent traités les Noirs pendant la Deuxième Guerre mondiale marque à mes yeux un tournant des relations des Noirs avec les États-Unis. Très brièvement et un peu trop simplement pourrait-on dire qu’une certaine espérance est morte, qu’un certain respect pour les Américains blancs a disparu. On commença à avoir pitié d’eux, ou à les haïr. Il faut se mettre dans la peau d’un homme qui porte l’uniforme de son pays, est très susceptible de mourir pour sa défense et qui se fait traiter de « NIGGER » par ses compagnons d’armes ou ses officiers ; à qui reviennent presque toujours les tâches les plus pénibles, les plus répugnantes, les plus basses ; qui sait que le G.I. blanc a fait savoir aux Européens qu’il n’est qu’un être inférieur – autant pour la sécurité sexuelle de l’homme américain – qui ne danse pas dans les Foyers du Soldat le soir où les soldats blancs y dansent et qui ne boit pas dans les bars où boivent les soldats blancs, et qui voit les prisonniers de guerre allemands traités par les Américains avec plus d’égards que lui-même n’en a jamais reçu. Et qui en même temps, en tant qu’être humain, se sent beaucoup plus libre qu’il ne lui avait jamais été donné de pouvoir le faire CHEZ LUI. Ces mots même commencent à sonner d’une façon diabolique et désespérée. Considérez ce qui arrive à ce citoyen, après tout ce par quoi il est passé lorsqu’il revient chez lui. Mettez-vous dans sa peau tandis qu’il cherche du travail, un appartement, mettez-vous à sa place dans les autobus où est appliquée la ségrégation, voyez avec ses yeux les écriteaux indiquant « blancs » et « de couleur » et en particulier ceux qui indiquent ‘’DAMES Blanches’’  et ‘’FEMMES de couleur’’. »

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L’écrivain affirme dans ce court volume que si certains hommes continuent à se croire des droits sur d’autres en raison de la couleur de leur peau ou de leurs origines, la prochaine fois, ce sera le feu.
Et ce fut le feu. En 1965, à Los Angeles, en 1967 à Detroit et, en 1968, suite à l’assassinat de Martin Luther King, des émeutes éclatèrent, tout d’abord à Memphis, scène du crime, puis dans tout le pays.
Et cette violence ne s’arrêtera pas, ni même après l’élection du premier président noir des EU, Barak Obama.

Meurtres à Atlanta, traduction racoleuse de  The Evidence of Things Not Seen, (L’évidence des choses non vues), fut publié en 1985. Le magazine Playboy proposa alors à Baldwin, qui habitait en France, « d’aller à Atlanta rédiger un article sur les disparitions et les meurtres d’enfants qui s’y sont produits »

« La mémoire fait irruption sur la scène de la vie – pour de vrai – au moment où la vie finit. Apparaissant enfin comme une sorte de guide vers une condition d’existence qui la dépasse et qui dépasse l’imagination.
Quel rapport avec les enfants disparus et assassinés d’Atlanta ? Ceci : personne ne souhaite être plongé, tête la première, dans le torrent de ce que sa mémoire refuse de reconnaître. Et les meurtres d’Atlanta en Géorgie nous y plongent. Comme ils nous rappellent que nous sommes tous, ici-bas, des candidats au massacre des innocents. Ils nous rappellent que tous les survivants, qu’ils le reconnaissent ou non, doivent porter le poids de la culpabilité de celui qui a survécu. Quant à moi, ils me rappellent que j’ai été un enfant noir dans un pays blanc », affirme Baldwin dans son introduction.

« Juin 1981 : vingt-huit cadavres d’enfants ont été retrouvés depuis le premier meurtre de la « série », vingt-deux mois plus tôt. C’est alors que Wayne Williams, alors âgé de vingt-trois ans, est arrêté pour meurtre. Il est noir, c’est important parce que la municipalité est noire et que toutes les victimes sont noires.
Il est également important de noter que Wayne n’a pas été inculpé de l’ensemble des vingt-huit meurtres, mais seulement des deux derniers : ceux de Jimmy Ray Payne et Nathaniel Cater.
Payne et Cater n’étaient pas des enfants mais des adultes – le fait qu’ils puissent avoir été alcooliques ou « demeurés » importe peu : de toute façon, dans les bas-fonds de la misère et du désespoir, il est difficile de déterminer qui est « demeuré ». J’ai entendu l’argument selon lequel, parce qu’ils étaient « demeurés », ils avaient été perçus par l’assassin comme des enfants. Cet argument m’a paru peu convaincant. »

Dès les premières pages, Baldwin est très clair, il n’est pas là pour établir, ou non, la culpabilité de Wayne Williams.
Il analyse la situation dans le cadre du pays.

« Dans cette affaire, toutefois, et conformément aux réalités concrètes de la vie aux États dits « unis », les enfants disparus et assassinés ont été agressés selon des critères de couleur et de condition sociale : ils étaient noirs – une malédiction dans cette démocratie – et pauvres, une condition que la morale dominante du travail et de la compétition condamne avec une cruauté sans pareille. »

Les rouages du système se mettent alors en marche, y compris ceux de la justice, une justice esclave de ce même système. On trouve un coupable, Wayne Williams, accusé du meurtre de deux vagabonds noirs. On met alors sur son dos les 28 crimes d’enfants. Les preuves ? Elles sont superflues du moment qu’on évitera les débordements et même les révoltes.
Baldwin démonte un à un les arguments du Procureur.

« D’un point de vue judiciaire, il est accusé de deux assassinats. Et pourtant, il est présumé coupable de vingt-huit meurtres, pour lesquels il est jugé sans être inculpé ! Car le ministère public soutient qu’il y a une « série », un « ensemble de faits concordants » communs à tous les meurtres d’enfants, et que, si Wayne Williams est reconnu coupable des deux crimes, le « lien » sera établi avec les vingt-huit autres.
Cette conception byzantine de la justice apparaîtra aux yeux du profane – sans parler de l’accusé lui-même – comme une innovation tout à fait singulière en matière de droit pénal. De deux choses l’une : ou bien l’accusé est jugé pour trente meurtres, ou bien il est jugé pour deux. »

Trente-cinq ans plus tard, combien de policiers accusés d’assassiner de jeunes Noirs, sont acquittés par cette même justice ?
Trente-cinq ans plus tard, avec à la tête du pays un sympathisant du suprématisme blanc, après l’assassinat de George Floyd par un policier, le feu est là. Et le feu  s’étend hors des frontières des États-Unis, dans des pays au racisme moins franc mais tout aussi mortifère comme le Royaume Uni ou la France.

Je pense au discours prononcé en 2007 par le président Sarkozy qui affirmait que  «l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire » et à une phrase de Meurtres à Atlanta :

« Elle (l’histoire) est un hymne aux Blancs, écrit par des Blancs. Nous autres, tous les autres, avons été découverts par les Blancs qui détiennent le droit de nous laisser entrer ou non dans l’histoire

Le travail de réécriture de l’histoire, qui a déjà commencé, est indispensable, aussi bien dans les pays anciennement colonisés que chez ceux qui les colonisèrent.

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« Les pido ahora decir juntos, levantar el puño juntos: ‘’ ¡Soy alguien!’’, por más que sea pobre, soy alguien, por más que cobre ayudas, de todos modos soy alguien. Soy negro, bello, orgulloso, me deben respeto ». Jesse Jackson, Festival Wattstax, 1973.

Muchos libros y autores pueden esclarecernos sobre el drama racial que incendia actualmente los Estados Unidos. De los escritores  de la Harlem Renaissance a la premio Nobel Toni Morrison, sin olvidar a los más actuales, Ta-Nehisi Coates et Colson Whitehead.
Considero, empero, que dos ensayos de James Baldwin, La próxima vez, el fuego y La evidencia de las cosas no vistas, son  ineludibles para analizar este tema.

La próxima vez, el fuego (The fire next time), publicado en 1962, está compuesto por dos cartas. La primera se dirige al sobrino del autor, James.

Naciste allí donde naciste y fuiste enfrentado al enemigo con el que te enfrentaste porque eras negro y por esa única razón.   Así se habían fijado, y se pensaba que para siempre, los límites de tu ambición.   Habías nacido en una sociedad que afirmaba con una precisión brutal y de todas las maneras posibles que eras una cantidad humana absolutamente descartable.  No se esperaba de vos que aspiraras a la excelencia. Se esperaba de vos que pactaras con la mediocridad.”

Ciertos párrafos de esta carta, tan actuales como hace 58 años, parecen tener como destinatarios a todos los dejados de lado de la tierra, y no sólo a los afro americanos.

« En el caso particular, el riesgo, ante los ojos de la mayoría de los norteamericanos blancos, es la pérdida de su identidad.
Tratá de imaginar tus reacciones si te despertaras una mañana y encontraras al sol brillando con toda su fuerza en medio de un centelleo de estrellas. Tendrías miedo porque esto sería contrario al orden de la Naturaleza. Cualquier conmoción en el universo nos asusta porque ataca tan profundamente nuestro propio sentido de la realidad. Y bien, en el mundo de los blancos, el negro ocupó la función de una estrella fija, de un pilar inmóvil. Abandona su lugar y el cielo y la tierra tiemblan hasta sus fundamentos. Vos no tengas miedo. Te dije que querían dejarte perecer en tu  gueto, perecer por nunca tener la posibilidad de descubrir la clasificación de los blancos, de nunca tener la oportunidad de mostrar quien eras realmente ».

La segunda carta ‘’Al pie de la Cruz’’ no es una carta ‘’a’’ sino una carta ‘’de’’, una ‘’carta de una región de mi espíritu’’. Nos habla precisamente de lo espiritual, tanto cristiano como musulmán. Se ha alejado de la iglesia en la que llegó, muy joven, a predicar y los Black Muslims de Elijah Muhammad no llegan a convencerlo.
Cree, sin embargo, que los lazos que teje el amor pueden traer una solución a la guerra racial y al odio.
La mirada de Baldwin es sin embargo lúcida.

« La manera de tratar a los negros durante la Segunda Guerra Mundial marca para mí un cambio en las relaciones de los negros en los Estados Unidos. Muy brevemente y un poco demasiado simplemente, se podría decir que murió cierta esperanza, que desapareció cierto respeto hacia los norteamericanos blancos. Comenzaron a tenerles lástima, o a odiarlos. Hay que ponerse en el lugar de un hombre que lleva el uniforme de su país, que es muy susceptible de morir por su defensa y que se hacer llamar « NIGGER » por sus compañeros de armas o sus oficiales ; sobre quien recaen casi siempre las tareas más penosas, más repugnantes, más bajas ; que sabe que el G.I. blanco le hizo saber a los europeos que sólo es un ser inferior –tanto por la seguridad sexual del hombre norteamericano- que no baila en los Hogares del Soldado las noches en que bailan allí los soldados blancos y que no bebe en los bares donde beben  los soldados blancos, y que ve a prisioneros de guerra alemanes tratados por los norteamericanos como más cuidados que los que él nunca recibió.  Y que, al mismo tiempo, como ser humano, se siente mucho más libre de lo que nunca le fue dado hacerlo EN CASA. Estas mismas palabras comienzan a sonar de manera diabólica y desesperada. Consideren lo que le ocurre a este ciudadano, después de todo lo que pasó, cuando vuelve a casa. Pónganse en su lugar mientras busca trabajo, un departamento, pónganse en su lugar en los ómnibus en los que se aplica la segregación, miren con sus ojos los carteles que indican ‘’blancos’’ y ‘’de color’’ y particularmente los que indican ‘’SEÑORAS blancas’’ y ‘’MUJERES de color’’. »

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El escritor afirma en este corto volumen que si ciertos hombres siguen creyendo tener derechos sobre otros en razón del color de su piel o de sus orígenes, la próxima vez será el fuego.
Y fue el fuego. En 1965, en Los Angeles, en 1967 en Detroit y, en 1968, después del asesinato de Martin Luther King, estallaron revueltas, en principio en Memphis, escenario del crimen, y luego en todo el país.
Y esta violencia no se detendrá, ni aún después de la elección del primer presidente negro de EEUU, Barak Obama.

The Evidence of Things Not Seen, (La evidencia de las cosas no vistas), fue publicado en 1985. La revista Playboy propuso entonces a Baldwin, que vivía en Francia, «ir a Atlanta a redactar un artículo sobre las desapariciones y los asesinatos de niños que allí se produjeron. »

« La memoria irrumpe en la escena de la vida –en verdad-  en el momento en que termina la vida. Apareciendo por fin como una suerte de guía hacia una condición de existencia que la sobrepasa y que sobrepasa la imaginación.
¿Qué relación con los niños desaparecidos y asesinados en Atlanta? Esto: nadie desea hundirse de cabeza en el torrente de lo que la memoria se niega a reconocer. Y los asesinatos de Atlanta, en Georgia, nos hunden en ello. Como nos recuerdan que todos nosotros somos, en este bajo mundo, candidatos a la masacre de los inocentes. Nos recuerdan que todos los sobrevivientes, que lo reconozcan o no, deben cargar con el peso de la culpabilidad del que ha sobrevivido. En lo que a mí respecta, me recuerdan que fui un niño negro en un país blanco», afirma Baldwin en su introducción.

« Junio de 1981: veintiocho cadáveres de niños fueron descubiertos después del primer asesinato de la ‘’serie’’, veintidós meses antes. Wayne Williams, por entonces de veintitrés años, es detenido por asesinato, es negro, es importante porque la municipalidad es negra y todas las víctimas son negras.

Es igualmente importante notar que Wayne no fue inculpado por el total de veintiocho crímenes, pero sólo por los dos últimos: los de Jimmy Ray Payne y Nathaniel Cater.
Payne y Cater no eran niños sino adultos –el hecho de que puedan haber sido alcohólicos o ‘’retardados’’ importa poco: de todos modos, en los bajo fondos de la miseria y la desesperación, es difícil determinar quién es ‘’retardado’’. Oí el argumento según el cual, porque eran ‘’retardados’’, habían sido percibidos por el asesino como niños. Este argumento me pareció poco convincente

Ya en las primeras páginas, Baldwin es muy claro, no está allí para establecer, o no, la culpabilidad de Wayne Williams.
Analiza la situación en el marco del país.

«En este asunto, sin embargo, y conforme a las realidades concretas de la vida en los Estados llamados ‘’unidos’’, los niños desaparecidos y asesinados han sido agredidos según criterios de color y de condición social: eran negros –una maldición en esta democracia- y pobres, una condición que la moral dominante del trabajo y de la competencia condena con una crueldad sin igual.»

Los engranajes del sistema se ponen entonces en marcha, incluidos los de la justicia, una justicia esclava de este mismo sistema. Encuentran un culpable, Wayne Williams, acusado del asesinato de dos vagabundos negros. Cargan entonces a su cuenta  los 28 crímenes de niños. ¿Las pruebas? Son superfluas ya que van a evitar los desbordes y aún las revueltas.
Baldwin desmonta uno por uno los argumentos del procurador.

« Desde un punto de vista jurídico, lo acusan de dos asesinatos. Y sin embargo, es el presunto culpable de 28 crímenes, ¡por los cuales se lo juzga sin inculparlo! Porque el ministerio público sostiene que hay una ‘’serie’’, un ‘’conjunto de hechos concordantes’’  comunes a todos los asesinatos de niños y que, si Wayne Williams es reconocido culpable de los  dos crímenes, se establecerá la ‘’relación’’ con los otros 28

Este concepto bizantino de la justicia aparecerá ante los ojos del profano –sin hablar del acusado mismo- como una muy singular innovación en materia de derecho penal. Una de dos: o bien el acusado es juzgado por treinta asesinatos, o bien se lo juzga por dos.»

Treintaicinco años más tarde, ¿cuántos policías acusados de asesinar jóvenes negros han sido absueltos por esta misma justicia?
Treintaicinco años más tarde, con, a la cabeza del país un simpatizante del supremacismo blanco, después del asesinato de George Floyd por un policía, el fuego está allí. Y el fuego se extiende fuera de las fronteras de los Estados Unidos, en países en los que el racismo menos franco pero tan mortal como el Reino Unido o Francia.

Pienso en el discurso pronunciado en 2007 por el presidente Sarkozy quien afirmaba que  «el hombre africano no había entrado lo suficiente en la Historia» y en una frase de La evidencia de las cosas no vistas:

« Ella (la historia) es un himno a los blancos, escrito por los blancos. Nosotros, todos los otros, fuimos descubiertos por los blancos que se abrogan el derecho de dejarnos entrar o no en la historia

El trabajo de reescritura de la historia, que ya comenzó, es indispensable, tanto en los países antiguamente colonizados como en aquellos que colonizaron.

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