OTA BENGA

el-pigmeo-congoleno-ota-benga-fue-exhibido-en-la-sociedad-zoologica-de-nueva-york-library-of-congress1906. Un panneau, placé devant la Monkey House, la cage aux singes, du zoo du Bronx, à New York, indique :

« Le pygmée africain, Ota Benga. Âge : 23 ans. Taille : 4 pieds 11 pouces (1,50 m). Poids : 103 livres (46,7 kg). Amené depuis la rivière Kasaï, État indépendant du Congo, au sud de l’Afrique centrale, par le Dr Samuel P. Verner. Exposé tous les après-midi en septembre. »

Dans la cage, un jeune homme noir, de petite taille, nous fixe d’un regard éteint. Il soulève un orang outan, le prend dans ses bras, le repose par terre.
Devant la cage, le public se presse. Femmes, hommes, enfants regardent avec une certaine gourmandise le sauvage aux yeux tristes.

Mbye Otabenga est un Pygmée Mbuti vivant dans la forêt vierge du Congo du roi assassin Léopold II. Un jour, la Force Publique, la police du colonisateur, met son village à feu et à sang, tuant sa femme et ses deux enfants. Quand il revient de la chasse, il est fait prisonnier.
En ces temps où certains missionnaires alertent l’opinion publique sur les exactions des Belges au Congo, un pasteur, Samuel P. Verner, avec le soutien des autorités et sous couvert d’anthropologie, fait le commerce d’objets africains, ivoire, statuettes… Il se lance, en cette année 1904 dans le commerce d’êtres humains. Dans ce cas, cinq Pygmées, dont Ota Benga, qu’il va présenter à l’Exposition internationale de Saint-Louis.
Ce ne sont d’ailleurs pas, loin de là, les seuls « sauvages » exposés à Saint-Louis.  On peut y admirer des Aïnous du Japon, des Fuégiens de la Terre de Feu, des Philippins et même le chef apache Geronimo.
Précisons qu’à ces débuts du XXe siècle, la mode est aux zoos humains. On exhibe des êtres humains, catalogués « sauvages », dans toutes les grandes villes occidentales. Présenter des hommes et des femmes provenant des colonies en situation d’infériorité, base des théories racistes, permet de justifier face au grand public, la mainmise de l’Europe sur l’Afrique, l’Asie et tant d’autres régions.
D’un autre côté, le système colonial s’évertue à convaincre les colonisés de leur infériorité.
C’est ce qui arrive à Ota Benga en 1905. Après les avoir présentés aussi bien dans des foires que dans des amphithéâtres universitaires, le pasteur Verner ramène les cinq Pygmées au Congo.
Ota essaie de réintégrer le monde de ses origines. Il prend femme mais celle-ci meurt mordue par un serpent. L’accusant de sorcellerie, la tribu banni le jeune Pygmée.
Il supplie alors le pasteur de le ramener aux États-Unis.
Il n’appartient ni à la forêt congolaise ni au monde occidental.
Un homme de nulle part qui,  après un bref séjour au Musée d’histoire naturelle de New York, se retrouve enfermé dans une cage au zoo du Bronx. Il tire à l’arc, montre au public ébahi ses dents pointues. La foule se forme devant la cage. On parle même de 40 000 personnes.
Une vingtaine de jours après cette installation, des pasteurs afro américains, portent plainte pour faire cesser cette injustice.
Jusqu’en 1910, Ota Benga est placé dans de différents orphelinats où il apprend à lire et écrire. Il déménage ensuite à Lynchburg, en Virginie.
Il y habite chez le pasteur Hayes. On peut croire qu’il s’intègre, il apprend l’anglais, il trouve du travail dans une usine de tabac…
Or, l’idée du retour dans sa forêt du Congo reste ancrée en lui.
Il se rend compte qu’aussi bien ses finances que la guerre mondiale empêcheront le voyage rêvé.

Le 20 mars 1916, à l’âge de 33 ans, Ota Benga vole un revolver, le pointe sur sa poitrine, une balle traverse son cœur qui n’a plus aucune raison de battre.

Plus d’un siècle s’est écoulé depuis la mort tragique d’Ota Benga. Dans le monde entier, la couleur de votre peau, vos croyances, votre orientation sexuelle suffit à vous bannir de la société.
Depuis plus d’un siècle donc, le chemin parcouru ne fut pas très long. L’histoire, la vraie, doit nous aider à avancer.

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1906. Un cartel, ubicado delante de la Monkey House, la jaula de los monos, del zoológico del Bronx, en Nueva York, indica:

«El pigmeo africano,   Ota Benga. Edad: 23 años. Estatura: 4 pies 11 pulgadas (1,50 m). Peso: 103 libras (46,7 kg). Traído desde el río Kasai, Estado independiente del Congo, en el Sur de África Central, por el Dr Samuel P. Verner. Expuesto todas las tardes de septiembre. »

En la jaula, un hombre joven, de poca estatura, nos observa con una mirada apagada. Levanta a un orangután, lo toma en sus brazos, lo vuelve al piso.
Ante la jaula, el público se agolpa. Mujeres, hombres, niños miran con una cierta glotonería al salvaje de ojos tristes.

Mbye Otabenga es un pigmeo que vive en la selva del Congo del rey asesino Leopoldo II. Un día, la Fuerza Pública, la policía del colonizador, ataca su poblado a sangre y fuego, matando a su mujer y a sus dos hijos. Cuando vuelve de cazar, es hecho prisionero.
En esos tiempos en que algunos misioneros alertaban a la opinión pública sobre las exacciones de los belgas en el Congo, un pastor,  Samuel P. Verner, con el apoyo de las autoridades y con la excusa de la antropología, comercia objetos africanos, marfil, estatuillas… Se lanza, en ese año 1904, en el comercio de seres humanos. En este caso cinco  pigmeos, entre los cuales Ota Benga, que va a presentar en la Exposición Internacional de Saint Louis.
No son, por otra parte, y lejos de ello, los únicos «salvajes» expuestos en Saint Louis. Se pueden admirar ainus de Japón, fueguinos de Tierra del Fuego, filipinos y aún, a Gerónimo, el jefe apache.
Precisemos que en estos comienzos del siglo XX, la moda son los zoos humanos. Se exhiben seres humanos, catalogados como «salvajes», en todas las grandes ciudades occidentales. Presentar hombres y mujeres provenientes de las colonias en situación de inferioridad, base de las teorías racistas, permite justificar frente al gran público la dominación de Europa sobre África, Asia y tantas otras regiones.
Por otro lado, el sistema colonial se esfuerza en convencer a los colonizados de su inferioridad.
Es lo que le ocurre a Ota Benga en 1905. Después de haberlos presentado tanto en ferias como en anfiteatros universitarios, el pastor Verner lleva a los cinco pigmeos de vuelta al Congo.
Ota trata de reintegrarse al mundo de sus orígenes. Toma mujer pero esta muere mordida or una serpiente. Acusándolo de brujería, la tribu destierra al joven pigmeo.
Suplica entonces al pastor de llevarlo de vuelta a Estados Unidos.
No pertenece ni a la selva congoleña ni al mundo occidental.
Un hombre de ninguna parte que, después de una breve estadía en el Museo de Historia Natural de Nueva York, se encuentra encerrado en una jaula del zoo del Bronx. Tira con su arco, muestra al público asombrado sus dientes puntiagudos. Se forma una multitud delante de la jaula. Se habla aún de 40.000 personas.
Una veintena de días después de esta instalación, pastores afroamericanos realizan una denuncia para hacer cesar esta injusticia
Hasta 1910 Ota Benga es alojado en diferentes orfelinatos donde aprende a leer y escribir. Se muda luego a Lynchburg, en Virginia.
Vive en lo del pastor Hayes. Se puede pensar que se integra, aprende inglés, consigue trabajo en una fábrica de tabaco…
La idea, empero, de volver a su selva del Congo sigue anclada en él.
Se da cuenta de que tanto sus finanzas como la guerra mundial impedirán el viaje soñado.
El 20 de marzo de 1916, a los 33 años, Ota Benga roba un revólver, lo apunta a su pecho, una bala atraviesa su corazón que ya no tiene ninguna razón para latir.

Más de un siglo ha pasado desde la muerte trágica de Ota Benga. En todo el mundo, el color de nuestra piel, nuestras creencias, nuestra orientación sexual bastan para desterrarnos de la sociedad.
Desde hace más de un siglo, entonces, el camino recorrido no fue muy largo. La historia, la verdadera, debe ayudarnos a avanzar.

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